La Posturologie de l'ophtalmologiste
Première partie

La dyslexie est-elle l'affaire de l'ophtalmologiste?

Dr Gabriel ÉLIE

     La dyslexie se définit comme la difficulté à lire. Mais l’expérience montre que la dyslexie n'existe pas comme entité clinique isolée. Au contraire, elle s'intègre dans un ensemble de signes cliniques, à condition de les rechercher, dans l'ensemble des autres fonctions de l'organisme humain.

Définition et historique

     La dyslexie est un terme inventé en 1887 par Rudolf Berlin de Stuggart, Allemagne, pour décrire l'incapacité de lire. Pour d’autres, la paternité du terme revient à Burns, à la même date. Mais des études précédentes furent menées, sous d’autres appellations (Cécité verbale, Idiotie partielle). Les études foisonnent autour de 1900. Elles semblent toutes insister sur la notion d’hérédité et de troubles d’origine congénitale.

     Vers 1951, de Ajuriaguerra signale le rôle de l’organisation spatiale et temporelle dans la génèse des dyslexies.
     Au plan éducationnel, la meilleure définition de la dyslexie est probablement la suivante : C’est un trouble d'apprentissage au niveau de la lecture chez des élèves d'une intelligence normale et même parfois supérieure à la moyenne, qui par rapport à leurs compagnons de classe du même âge et d'un potentiel scolaire semblable, connaissent de graves difficultés au niveau de la lecture, en dépit de stratégies d'enseignement conventionnelles et de possibilités socio-économiques adéquates.

     La plupart des travaux distingue deux formes majeures de dyslexie :

- la première est caractérisée par des problèmes de perception auditive

- la seconde par des difficultés d'ordre sensorio-visuelle (Kohen-Raz 1970, 1972, 1979, 1983, 1986, 1991; Border 1973; Ingram, Jason et Blackburn, 1970; Mattis, French et Rappin 1975; Pirozzolo, 1979).

      La dyslexie touchant la perception auditive du langage se traduit par l'incapacité de distinguer les phonèmes (ou les plus petites unités) du discours, d'où découle l'inaptitude à apprendre les liens entre les apparences visuelles et les sons des lettres et des mots. Ces troubles sont évidents aux plans de la discrimination, de la séquence auditive, de la concentration, et de la perception auditive des émotions. On considère que cette forme de dyslexie cause le plus de difficulté en matière d' apprentissage de la lecture (Mattis et al. 1975).

     La dyslexie d'ordre visuo-spatiale est une cause moins fréquente. Chez les étudiants atteints de dyslexie visuo-spatiale, la parole semble se développer normalement, mais par contre, ils sont incapables d'assimiler les exigences spatiales et visuelles requises pour acquérir des aptitudes à la lecture. Les déficits sont manifestés au chapitre de la discrimination visuelle, de la séquence visuelle, de la discrimination fond-forme, de la perception visuelle en profondeur et de la perception visuelle affective.

     Citons encore les travaux menés par Gilles COANTIC sur la psycho-motricité.
" Ce qui est troublé, c’est l’organisation dans l’espace perceptivo-moteur. Et ce trouble est probablement la conséquence de désordres d’orientation par rapport au corps. "
     Nous voyons que progressivement vient à l’idée que représentation spatio-temporelle et dyslexie pourraient être liées. La fréquence parmi ces individus de gauchers contrariés, d’ambydextres, de non-latéralisés (Orton 1925), les inversions de lettres, l’écriture en miroir, etc… nous rattachent progressivement à la notion d’un trouble lié à la proprioception.

Un trouble en progression inquiétante

     La dyslexie et les difficultés d'apprentissage qui l'entourent affectent plus de dix pour cent de la population scolaire, au point d’être dénoncée comme " mal du siècle ". La fréquence de la dyslexie est passé de 3% à plus de 10% en une trentaine d'années. Ceci nous oblige à douter de l'idée courante que la dyslexie est une maladie d'origine organique.

     Quand une image arrive au cortex visuel, elle doit être reconnue, accommodée et enregistrée. Lire signifie, avant tout, décoder une image. Cela suppose l'existence d'un mécanisme cérébral de décodage. La perturbation de ce mécanisme conduit à un défaut de décodage, à un trouble de la lecture, c'est la dyslexie.

     Le travail de l'ophtalmologiste doit-il se terminer quand il est capable de faire arriver à la rétine une image nette? ou, dans une conception moins restrictive, de faire arriver cette même image jusqu'au cortex visuel? Ce travail doit-il se prolonger encore au-delà, et aller jusqu'aux systèmes de décodage? Par ailleurs, le cortex visuel n'est pas la seule partie du cerveau intéressée par le système visuel. L'ophtalmologiste sait qu'il y a des centres oculogyres dans le lobe frontal, région opposée anatomiquement au cortex visuel. Le colliculus supérieur, les voies optiques secondaires, les noyaux des nerfs oculomoteurs sont localisés dans des zones intermédiaires de la géographie cérébrale. La clinique montre qu'une perturbation du lobe pariétal peut produire des troubles dans la forme et la dimension de l'image. Tout ceci signifie que les localisations cérébrales concernant la vision sont, en fait, beaucoup plus amples que ce à quoi nous pensons habituellement.

Des acquisitions nouvelles importantes

     La perception d'un objet n'est-elle pas en relation avec la perception de l'espace? En 1977, Martins DA CUNHA nous a montré que la manipulation de certains muscles squelettiques était capable de changer la localisation figurée de l'image dans l'espace. Dix ans plus tard, J.P. ROLL et R. ROLL ont montré qu'il est possible de faire déplacer la perception de l'image d'un objet fixe en stimulant, par un vibreur, différents muscles squelettiques. La direction du mouvement illusoire de l'image est en rapport avec le sens d'action du muscle stimulé. Tout ceci nous force à modifier les anciennes conceptions sur la vision et à assimiler des nouvelles notions.

     En la cernant de plus près, la notion de dyslexie s'est aussi modifiée. Dyscalculie, dysorthographie, surdité de perception, dyslalie, perte de capacité d'attention: Ce cortège qui accompagne la dyslexie rend encore plus obsolète l'idée de la considérer comme une maladie autonome ou organique. Nous en sommes venus à considérer la dyslexie comme un dysfonctionnement. Mais quel est donc le système dont le dérèglement est susceptible de produire la dyslexie?

      L'examen de l'enfant dyslexique montre qu'il localise mal les différents segments de son corps. Il rate le test oeil-main (voir le "témoignage d'une maman de dyslexique"). Quand nous mettons ses pieds en position parallèle, il a la sensation de forte absence de parallélisme. Les muscles squelettiques mis en position neutre donnent à l'individu la sensation d'être contracturés. L'étude de la convergence tonique oculaire montre un déficit très net au point de vue objectif, mais l'individu a la sensation d'avoir ses yeux trop en convergence.

     Le seul système global capable de donner en simultané toutes ces fausses sensations est le système proprioceptif. Dans ce contexte, il paraît ainsi évident que la dyslexie est une maladie qui a son origine dans un dysfonctionnement du système proprioceptif.

La clé capable de reprogrammer

     Le support organique du système proprioceptif musculaire est situé au niveau des fibres de contraction lente des muscles striés; Et pas seulement les fibres toniques des muscles squelettiques, mais aussi les fibres toniques des muscles oculomoteurs. Au sein de ce système global, il s'avère que les muscles oculo-moteurs jouent un rôle important. C'est la raison pour laquelle l'ophtalmologiste doit intervenir. Il est possible d'utiliser la "clé" visuelle dans le traitement de l'enfant dyslexique.

     Deux méthodes fondamentales se complètent pour corriger le système proprioceptif:

- La reprogrammation posturale,

- La relaxation des muscles oculomoteurs.

     Cette deuxième "clé" intéresse plus particulièrement l'ophtalmologiste. Elle s'obtient par l'action de verres prismatiques de faible puissance (jusqu'à 4 dioptries prismatiques).
    Leur action est évidente en clinique: Quand un individu dyslexique porte ces prismes, leur action se fait sentir sur le tonus des muscles oculomoteurs, mais aussi sur tous les muscles squelettiques de la même famille proprioceptive. Martins da Cunha nous a montré que les points douloureux à la palpation digitale sur les muscles squelettiques disparaissent au moment du port de prismes posturaux.
     La reproduction visuelle de la "figure complexe de Rey "(Fig. 1) montre des troubles importants aggravés dans la reproduction de mémoire de cette figure ( Fig 2).

Figure 1 Figure 2
     La correction par prismes posturaux montre une tendance à la normalisation. L'individu commence progressivement à lire sans perturbation, sa capacité d'apprentissage augmente; mais il faut détecter les informations mal interprétées pour les corriger.

Conclusion

     L'aide au contrôle des troubles de la proprioception, y inclus la dyslexie, implique l'ophtalmologue en accord avec les autres professionnels habituellement sollicités. Pour y arriver, il doit connaître le mode de fonctionnement du système proprioceptif et les règles de prescription des prismes posturaux. Il doit comprendre aussi que le système proprioceptif est un système global possédant plusieurs entrées d'information interdépendantes. L'entrée visuelle est une des plus importantes. Pour rendre compatibles toutes les informations provenant des différentes entrées, il faut connaître la technique de reprogrammation posturale pratiquée et introduite par Martins da Cunha dans les trente dernières années.

Bibliographie

Kohen-Raz, R. (1970) Developmental patterns of static balance ability and their relation to cognitive school readiness. Pediatrics, , 46, 276 - 281.
Kohen-Raz R. (1972) Les relations entre la dyslexie et le contrôle de l’équilibre statique explorées par une méthode d’ataxiamétrie électronique. Enfance, 487-517.
Kohen-Raz, R. & Hiriartborde, E. (1979) Some observations on tetra-ataxiametric patterns of static balance and their relation to mental and scholastic achievement. Perceptual and Motor Skills, 48, 871-890.
Kohen-Raz R. (1983) Eine Vergleichende Untersuchung des Förderunterrichtes Analphabetischer Jugendlicher. Research report. Jérusalem, Hebrew University, School of Education.
Kohen-Raz R. (1986) Learning disabilities and Postural control. Freund Publ. House, suite 500, Chesham House, 150 Regent Street, London W1R 5FA
Kohen-Raz, R. (1991) Application of Tetra-Ataxiametric Postrography in clinical and developmental diagnosis. Perceptual and Motor Skills, , 73, 635-656.

Un cas clinique
Le témoignage d'une maman de dyslexique
Dr Gabriel ÉLIE

     Nous avons rencontré la mère d'un enfant dyslexique. Ce garçon avait des problèmes scolaires depuis environ 4 ans, depuis la grande section de maternelle, début de l'apprentissage de la lecture. Progressivement, tout son comportement s'en était perturbé. Ses rapports avec ses camarades s'aggravaient jusqu'au jour où l'un d'entre eux, pourtant plus amical, lui a déclaré: "Oui, mais toi, tu es un enfant retardé". Même ses frères le considéraient dans les jeux comme quantité négligeable. Et pourtant, à huit ans, de nature plutôt solide, il développait une force physique largement de son âge. Au bout d'un an et demi de soins orthophoniques, les résultats semblaient maigres et piétinaient. On décida de le montrer à un ophtalmologiste-posturologue de l'école portugaise.

- Madame, vous avez été très inquiète à propos de votre fils depuis maintenant plusieurs années. Pouvez-vous nous dire d'abord comment était son comportement en dehors du milieu scolaire?

- C'était un enfant tourmenté. En le regardant, il y avait sur son visage comme un voile triste. Son front était barré par deux petites rides. Il n'avait pas confiance en lui. Geignard, il se réfugiait facilement contre moi et refusait les rares invitations que certains camarades lui proposaient.

- Cette attitude allait-elle en s'accentuant?

- Oui, on sentait aussi que ses impossibilités de progrès scolaires l'inquiétaient fortement. Il donnait l'impression de porter un trop lourd fardeau. Il en venait même à avoir une attitude d'opposition et à se cacher sous son lit: un certain refus de vivre.

- Son sommeil était-il bon?

- Non, Il faisait de nombreux cauchemars. Assez souvent, il se levait en plein sommeil, et traversait la maison en m'appelant. Il voulait aller dehors. Il ne nous reconnaissait pas. On avait du mal à le retenir. Quelle angoisse!

-Dans la journée, comment s'exprimait-il?

-Les phrases étaient mal assurées et surtout il avait une voix bitonale comme cassée; toujours prêt à se faire consoler.

-Il y a maintenant environ deux mois que votre fils a consulté l'ophtalmologiste posturologue. Quel changement avez-vous observé?

-C'est un véritable tournant. Mon enfant se transforme de semaine en semaine. On le sent plus à l'aise dans l'espace, dans tous ses mouvements. Il est plus précis dans ses gestes. Son attitude est devenue sereine. Son front est détendu: les deux rides ont disparu. Son timbre de voix n'est plus cassé. Les intonations ne sont plus tristes.

-Vis à vis de son entourage?

-Il se sent plus à l'aise envers ses frères? Il se laisse moins faire. Son sentiment d'infériorité semble avoir disparu. Il est même devenu un peu querelleur comme on l'est à cet âge! Et puis, il prend souvent des initiatives heureuses. Il a plus confiance en lui.

- Et les cauchemars?

-Les cauchemars ont beaucoup diminué de fréquence, puis ont disparu. Ses accès de "somnambulisme" ne se sont pas reproduits et surtout ses crises de désespoir ont disparu.

-Est-ce aussi en rapport avec de meilleurs résultats scolaires?

-Indiscutablement. Il est indéniable que ses capacités de mémorisation se sont réellement améliorées. Cela va aussi de paire avec une meilleure attention en classe et à la maison.

-Sa dyslexie s'estompe-t-elle?

-Il a une meilleure compréhension du sens du texte; En grammaire, une meilleure compréhension du rôle de chaque mot dans la phrase. Tout cela n'était pas acquis avant. Son écriture, catastrophique, presque illisible parfois, s'est beaucoup améliorée (voir clichés).

Écriture avant le prisme
Orthographe avant le prisme

Écriture et orthographe après le prisme

-Avait-il aussi des difficultés en calcul?

-Avant, il ne pouvait jamais finir un devoir en classe. En mathématiques, il a acquis une logique. Il comprend maintenant les problèmes posés et trouve les résultats. Les opérations ne lui posent plus de difficulté. Il sait les appliquer. Et avec une rapidité étonnante.

-Je vous vois, vous-même, étonnée du changement.

-Ses résultats sont remontés en flèche. Vous ferais-je un aveu? Trois enfants de la même classe étaient suivis depuis septembre par le même orthophoniste pour un niveau de dyslexie équivalent. Mais mon fils était celui qui avait le plus de difficultés scolaires. Bloqué, il en était arrivé à refuser l'autorité de l'orthophoniste. Depuis qu'il porte ses verres prismés et qu'il met en oeuvre sa reprogrammation posturale, ses résultats se sont tellement améliorés qu'il a devancé les deux autres enfants. Et ceci, à l'étonnement de sa maîtresse. Ses problèmes relationnels ont disparu avec ses camarades de classe.

Test main-oeil avant port de prismes
Test main-oeil après port de prismes

-Son traitement est-il suivi facilement?

-Cela n'a rien de lourd. Les lunettes sont faciles à porter. Quand on en voit le résultat au niveau du test main-oeil, on est tout de suite convaincu de leur efficacité, les parents et l'enfant (voir clichés). La maîtresse a facilement accepté qu'il ait un pupitre incliné à 30° et un socle sous les pieds. Nous avons changé son matelas pour un matelas plus ferme et son oreiller est passé du chevet au pied du lit. Les semelles à réflexion infra-rouges nous ont obligé à prendre des chaussures un peu plus grandes. Les semelles sont un peu fragiles malgré le nettoyage fréquent. Vous voyez que tout cela n'a rien d'insurmontable. Il reste quelques exercices gymnastiques à surveiller qui durent à peine un quart d'heure chaque jour. A surveiller aussi la position des pieds pendant la marche.

-Vous avez continué à le faire suivre par un orthophoniste?

-Oui. S'il parait avoir une attention accrue et de meilleures possibilités, il reste tout un apprentissage non acquit. L'orthophoniste l'aide sûrement beaucoup pour rattraper ce retard.

-Avez-vous un regret?

-Sans doute, celui de ne pas avoir connu plus tôt ce que pouvait apporter le soulagement de la dyslexie par cette approche posturale. Elle est si facile à mettre en oeuvre. Mais les progrès sont si rapides: j'ai bon espoir de voir vite disparaître tout retard.



Dyslexie et Syndrome de Déficience Posturale

Extraits de " Dialogues sur le net" Article paru dans la revue " Réalités Ophtalmologiques " Juin 2001.

Dialogues sur internet entre différents intervenants posant des questions à Alves Da Silva, regroupés sous ce titre.

-Alves da Silva (AdS): Les applications de la posturologie sont multiples et fréquentes.
     Chez les enfants, c'est la dyslexie, dysgraphie, dysorthographie, le déficit d'apprentissage, perte de concentration, épigastralgies, chutes fréquentes, choque contre les objets, surdité de perception .
    Chez tous, il est possible de mettre en évidence les mêmes signes objectifs à l'examen postural, malgré des symptômes ressentis différents. Parfois des symptômes minimes se transforment en symptômes majeurs chez certains patients .

Un ophtalmologiste
    " Chez les enfants, c'est la dyslexie." Dites-vous? hypothèse parmi beaucoup d'autres. Mais il y a très probablement des cas de troubles de la lecture liés à un défaut de localisation dans l'espace. Voilà un sujet passionnant pour lequel nous sommes bien mal formés, alors que nous sommes souvent un des maillons de la chaîne infernale que les dyslexiques empruntent.
    Existe-t-il un ou des tests simples que l'on puisse faire au cabinet pour orienter vers le diagnostic de dyslexie? Il semble que le diagnostic soit difficile et demande un examen long avec n formes cliniques, atypiques et frustres . En fait, il faut y penser devant un enfant intelligent qui n'arrive pas à lire avec une fluidité normale. "Bon sang, pourquoi ce gamin si malin est-il si paresseux à l'école?". Il s'agit d'un problème où nous avons un rôle important à jouer. La dyslexie touche à des degrés divers 5 à 10 % de la population masculine et un peu moins la population féminine.
- AdS: Eh bien, parlons de la dyslexie. Pour la littérature scientifique, on la doit à des troubles organiques: migration de cellules corticales qui se déplacent pour d'autres couches, excès de tissu neural. C'est dire que la cause serait organique. Notre expérience est complètement différente.
    Nous ne nions pas une cause organique pour certaines dyslexies (tumorale, vasculaire...). Mais nous disons que ces cas-là ne dépassent pas les 3% de tous les cas de dyslexie. La dyslexie commune est de cause proprioceptive. Comme vous le savez, il y a 30 ans, les cas de dyslexie représentaient 3% chez les enfants en âge scolaire et maintenant ces chiffres dépassent les 10%. Ceci rend insoutenable l'idée que la dyslexie ait une cause organique. Ce qui a changé, ce sont les niveaux d'agression proprioceptive devenus beaucoup plus hauts.
    Hier, j'ai eu l'occasion de dire à un représentant de la Mairie (de Lisbonne), dans une conférence que j'ai faite pour les institutrices sur la dyslexie, que s'ils désirent augmenter les taux de progrès dans les écoles, il faut changer en urgence la conception des meubles de la classe (voir plus loin les exigences pour les dyslexiques d’avoir certaines postures favorisant la lecture).
    Les progrès du dyslexique sont objectivés et quantifiés, parmi d'autres tests, par la reproduction de la figure complexe de Rey qui est un test accepté de tout le monde. Excusez-moi de venir détruire l'idée que la dyslexie est organique et complexe. Mais ma pratique clinique montre le contraire. Mes enfants dyslexiques ainsi que leurs parents le savent bien.
    L'effet des prismes posturaux n'utilise pas la voie rétino-corticale, mais la voie rétino-coliculaire (voies optiques secondaires). Ainsi, pouvons-nous agir même sur un oeil amblyope. Il y a déplacement des références spatiales par rapport à l'individu lui-même. La réaction proprioceptive à cette nouvelle situation rééquilibre le système.
    A propos de la puissance du prisme. Dans notre pratique clinique, nous utilisons le plus souvent 2 et 3 dioptries. Le critère, c'est de choisir une puissance assez forte pour normaliser le déficit de la convergence tonique; mais avec une puissance assez faible pour être absorbé par le système oculomoteur; c'est à dire incapable de provoquer une diplopie. C'est passionnant, car les résultats se voient pendant la consultation.

Un exemple
    Carla a 10 ans, elle est en cinquième année de scolarité. Les 4 premières années se sont passées très bien. Depuis le début de sa cinquième année, elle commence à montrer des difficultés en lisant, des difficultés de concentration, des signes de maladresse. Un examen neurologique n'a rien montré
    L' étude posturale montre un syndrome de déficience posturale (SDP) de type droit mixte. On lui prescrit un prisme de 3 dioptries devant l'oeil droit axe à 125º. On lui a fait changer son matelas mou pour un matelas dur. On lui donne des conseils de reprogrammation posturale. On la fait lire et écrire sur un plan incliné. On lui prescrit un appui postural pour les pieds. On lui fait changer ses chaussures pour des chaussures posturales.
    Deux mois après elle revient pour contrôle.
    Ses parents nous racontent qu'elle a réacquis sa performance à l'école.
Commentaires: Il s'agit d'une dyslexie de cause posturale. Au contraire de ce qui est habituel, l'incapacité pour lire a commencé après la période d'apprentissage de la lecture. Comme je l'ai déjà dit maintes fois, il faut savoir deux choses. Carla en est l'illustration:
1- La Dyslexie commune est fonctionnelle, pas organique. Quoiqu'un trouble organique puisse induire ou favoriser une dyslexie.
2- Il n' y a pas de rapport direct entre agression posturale et maladie posturale. La maladie apparaît quand le seuil de résistance de l'individu est dépassé. Le seuil de résistance est un facteur individuel, variable.
    Nous considérons que nous sommes devant une maladie posturale quand les symptômes typiques de cette maladie disparaissent lorsque le système proprioceptif est corrigé.. Sans douleur physique, la dyslexie est encore plus pénible que la douleur qui accompagne les autres cas de S.D.P.

[Retour à la page d'accueil]